Un peu d’histoire, l’enseignement français à l’étranger en 1981

Au cours de ses 90 ans d’existence, notre association a toujours eu a coeur d’informer nos compatriotes sur les grands sujets qui les concernent, que ce soit en matière de fiscalité, de droits civiques, de protection sociale ou d’enseignement. Ces sujets sont restés les mêmes depuis 1927. Retour sur la situation de l’enseignement pour les Français de l’étranger en 1981.

Extrait de La Voix de France- Le journal de l’Union des Français de l’étranger N°357 – Septembre 1981

SITUATION DE LA SCOLARISATION

L’enquête faite en 1980 par la Division de la scolarisation à la Direction des Français à l’étranger du ministère des Relations extérieures, donne des renseignements fort utiles, même si quelques chiffres peuvent être contestés. C’est un travail énorme et délicat qui a été effectué pour la première fois et qui doit permettre, après une réflexion basée sur des éléments concrets, de prendre des décisions d’ordre général, mais aussi sur chaque pays.
 
Les objectifs de cette enquête sont clairement définis dans les premières pages du tome 1 : « Les derniers rapports, présentés en 1979, sur l’action culturelle de la France à l’étranger, sur la scolarisation ou encore sur la diffusion de la langue française s’accordent sur l’importance de cette question… Les impératifs de l’exportation précisent encore l’urgence du règlement exemplaire de cette action de la France à l’étranger.
Généralement organisée dans de bonnes conditions, cette scolarisation, qui pourrait en effet être améliorée dans ses structures, doit sans cesse être l’objet de réajustements, du fait, de l’évolution des conditions de son organisation.
C’est afin de constituer une base de départ pour la préparation d’un plan en vue de parfaire cette action et pour l’approche spécifique de la scolarisation des jeunes Français à l’étranger, que les résultats ci-après ont été établis…
On ne peut séparer, dans la pratique, la scolarisation des enfants français de la diffusion de notre culture par les établissements d’enseignement, qui, outre les jeunes Français, accueillent presque toujours des enfants étrangers. Cependant le postulat sur lequel est fondée cette enquête reste celui de la priorité de la scolarisation des enfants français ».
 
Dans la population française expatriée, les auteurs distinguent les « émigrants », qui cherchent à s’intégrer au pays d’accueil (Canada, Etats- Unis, Australie ou Allemagne fédérale en particulier) et par suite font suivre à leurs enfants l’enseignement local pour assurer leur assimilation, et les techniciens, avec statut public ou privé, qui font des séjours relativement brefs, parfois dans plusieurs pays successivement, et qui attachent une importance capitale à la scolarisation de leurs enfants selon les modalités françaises. « Ils n’acceptent pas de solution de continuité dans la scolarisation, quel que soit le sens du passage entre les établissements de France et ceux de l’étranger. Ainsi cette situation de la scolarisation des jeunes Français à l’étranger revêt une importance considérable aux yeux de ce type de population dont elle contribue directement à favoriser ou à entraver l’expatriation ».
 
La population française expatriée est plus ou moins stable, ce qui « commande la destinée des écoles françaises qui lui sont en partie liées », selon les facteurs internationaux de nature politique « qui entraînent le départ, plus
ou moins temporaire, de la population française d’un pays et donc la fermeture de l’école « , et selon aussi l’action des entreprises françaises que leurs contrats extérieurs conduisent à envoyer du personnel de façon plus ou moins durable, et donc à ouvrir des écoles. « Ce mouvement d’ouverture et de fermeture d’établissements atteste la vitalité de l’ensemble du dispositif ; il est la condition de son adaptation permanente aux besoins, eux-mêmes évolutifs ».
 
Quant aux besoins, ils ne sont pas toujours exprimés et pas toujours concrètement réalisables. « Le principe qui fonde l’attitude des pouvoirs publics à l’égard des communautés de Français expatriés, en matière de scolarisation, est un principe de participation active : il appartient à la communauté française, là où il n’existe pas d’école, de s’organiser en une association qui créera elle-même un embryon d’école avec les structures permettant son fonctionnement, pour le développement duquel il lui est possible de demander l’aide de l’Etat : le besoin de scolarisation crée l’école ; ce n’est pas l’école qui crée le besoin de scolarisation. Ainsi il appartient aux communautés françaises de l’étranger de montrer l’existence ‘ du besoin de scolarisation en créant les écoles qui y répondent.… Le taux de scolarisation sera obtenu par le pourcentage du nombre d’enfants scolarisés par rapport au nombre de scolarisables ».
 
Indépendamment des enfants qui suivent les cours par correspondance du CNEC, on a entendu par enfants non scolarisés dans l’enseignement français, ceux qui ne fréquentent pas d’écoles françaises ou à programme français, et qui suivent les cours d’établissements locaux pour d’autres motifs (manque d’établissement français, manque de place, coût trop élevé de la scolarité, éloignement) que le choix délibéré. Lorsque le choix est possible et qu’il s’exerce en faveur de l’enseignement local, c’est que la famille veut s’assimiler à l’étranger : ces élèves se situent délibérément hors de la scolarisation française ».
 
Les conclusions sont résumées dans le tableau suivant :
 
Sur 182 336 jeunes Français dont les parents vivent à l’étranger,
  •  93 674 (soit 51,37 %) sont scolarisés dans les établissements français à l’étranger ;
  • 19 389 (soit 10,63 %) ne sont pas scolarisés dans ces établissements :
    – 10 167 (soit 52,5 %) par manque d’établissements ;
    – 1 041 (soit 5,0 %) par manque de places ;
    – 4 529 (soit 23,5 %) pour coût de scolarité élevé ;
    – 3 652 (soit 19,0 %) pour éloignement ;
  • 9 270 (soit 5,08 %) sont scolarisés dans l’enseignement local, par défaut, c’est-à-dire faute de pouvoir fréquenter un établissement français ;
  • 60 003 enfin (soit 32,9 %) ont délibérément choisi de fréquenter l’enseignement local.
Ainsi l’insatisfaction des besoins de scolarisation porte sur 28 659 jeunes Français (les 19 389 non scolarisés dans les établissements français et les 9 270 qui sont scolarisés par défaut dans l’enseignement local) soit 15,72 % du total.
 
 
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