Florian, 24 ans, expatrié à Canton

« On ne vient pas à Canton pour le tourisme, mais pour les opportunités entrepreneuriales. »

 

 

Entreprendre en Chine. Beaucoup en ont rêvé. Certains l’ont fait. C’est le cas de Florian, qui, à 24 ans, a déjà passé plus de quatre ans dans ce pays en pleine mutation. Portrait d’un jeune entrepreneur audacieux aux débuts prometteurs.

Canton, le choix de l’opportunité

C’est à l’âge de 11  ans que Florian noue son  premier contact avec la sphère internationale. Son père est muté à Dubaï et Florian suit sa scolarité au lycée français, où il se sent enthousiasmé par la diversité des milieux sociaux et culturels. Trois années plus tard, il a 15 ans, et c’est le retour en France, dans une ville beaucoup plus calme et moins exotique : Verdun.

« Mon premier réflexe a été de vouloir repartir à l’étranger. Naturellement, je me suis tourné vers une école de commerce. »

Le  baccalauréat en poche, il intègre l’École Supérieure de Commerce de Troyes, conscient que cette formation lui permettra de repartir à l’étranger. À 19 ans, c’est chose faite puisqu’il réalise un premier stage de 6 mois à Canton, dans une société chinoise d’import-‐export.

Pourquoi Canton alors que la plupart de ses camarades jettent leur dévolu sur les grosses mégalopoles chinoises ? Justement en raison du caractère plus « isolé » de cette ville. Il comprend que dans un contexte compétitif qui ne cesse de se renforcer, il lui faut se  démarquer.  Son choix s’avère judicieux puisqu’il trouvera à Canton ce qu’il recherchait : les opportunités.

« Au bout de deux mois, j’ai senti que c’était la destination qu’il me fallait. Tu ne viens  pas  à  Canton pour le  tourisme, mais pour les opportunités entrepreneuriales. Cette ville de 12 millions d’habitants possède un des plus forts PIB de Chine. J’y ai trouvé une communauté très dynamique et entraînante. »

Rapidement, Florian s’adapte à la culture locale et apprend le mandarin, qu’il parle aujourd’hui couramment. Au contact direct des entrepreneurs locaux, il constate leurs difficultés à recruter de jeunes stagiaires occidentaux. Il crée son entreprise de recrutement  pour  répondre à ce besoin. Cette opportunité lui permet d’asseoir sa réputation. 

« Compte tenu de mon jeune âge, si je voulais avoir une réputation solide auprès de la communauté internationale, je devais faire preuve davantage que de bonne volonté et monter un vrai projet professionnel. »

Son stage prend fin et il termine ses études entre la France et Shanghaï. Son diplôme obtenu, il repart à Canton et s’investit à nouveau sur son entreprise de recrutement pour en faire son activité principale. Des groupes le soutiennent en Chine et en Europe. Il crée une antenne en Inde.

Tout aurait pu continuer ainsi, mais il doit faire face à une difficulté propre à un pays en pleine expansion : des changements rapides et imprévisibles.

Une Chine au cœur du changement

Alors que son entreprise est en plein essor, Florian est confronté à un durcissement des procédures d’obtention des visas pour les jeunes recrues (stagiaires, VIE). La structure de son entreprise est potentiellement mise en danger. Afin de protéger les personnes qui travaillent avec lui et ses partenaires, il décide de suspendre son activité. Ce phénomène reflète le contexte économique et réglementaire mouvant de la Chine.

« En Chine, beaucoup de changements très rapides peuvent intervenir, et ça peut se passer sans préavis. Ce fut le cas pour l’obtention des visas, qui s’est compliquée, et ce qui a augmenté le coût et la durée des procédures. »

Du point de vue des mentalités, c’est le même constat. Florian indique en effet que des changements ont progressivement eu lieu ces 20 dernières années.

« La mentalité en Chine a énormément changé. Ça bouge beaucoup. Les entrepreneurs y sont de plus en plus nombreux. Les relations sont aujourd’hui beaucoup plus basées sur la confiance et non sur une ouverture naïve à l’étranger. Il est important de s’intéresser à la culture locale, à leur langue. On est passé d’une relation très ouverte, très facile, très accessible, à une relation plus privilégiée. Une méfiance s’est instaurée et on arrête de faire confiance aussi facilement qu’avant. Il faut se montrer plus sérieux et plus stable. Parler leur langue est un signe de stabilité. »

La relation de confiance avec un Chinois va donc se créer au­‐delà du business. Elle est avant tout humaine.

« À  Canton, si un Chinois a un bon feeling avec toi, il va être plus enclin à travailler avec toi. Lorsque la relation de confiance est établie, tu peux même travailler sans contrat sans qu’il n’y ait aucun problème. Ça marche même par SMS ! »

L’Union des Français de l’Étranger, un ciment culturel

Florian a créé l’UFE de Canton il y a un an. La mise en place de cette structure lui est apparue comme une nécessité pour déclencher la solidarité entre les entrepreneurs français. Un objectif : favoriser l’échange pour un meilleur développement économique.

« Lorsqu’on a lancé l’antenne de l’UFE de Canton, on s’est appuyé sur le besoin des entrepreneurs français de se fédérer autour d’une communauté où il était possible de se rencontrer, de discuter et de s’échanger les bons conseils professionnels. Avant l’UFE, le tissu des entrepreneurs français n’était réuni par aucune autre structure. »

À travers l’UFE, Florian conseille les candidats à l’expatriation sur la faisabilité de leurs projets. Fort de son expérience, il s’obstine à casser les préjugés.

« Même s’il reste beaucoup d’opportunités, les gens doivent comprendre que la Chine n’est plus le paradis qu’on peut encore leur montrer à la télévision. C’est une erreur de vouloir arriver et de vouloir tout casser. Par exemple, à Canton, depuis 5 ans, il n’est plus si facile de réussir et devenir extrêmement riche très rapidement, comme ce fut le cas auparavant. »

La Chine et l’Europe étant très éloignées d’un point de vue culturel et géographique, le besoin naturel des expatriés de se retrouver autour de valeurs communes est fort. Par conséquent, pour peu qu’ils puissent se réunir, les relations qui les lient sont très soudées.

Pour  constituer ce ciment,  Florian  s’est  inspiré  d’un  concept  instauré  par  l’UFE Shanghaï : les French apéros. Une fois par mois, la communauté des expatriés se rassemble dans un bar, de façon informelle et détendue.

« C’est un concept libéré et simple qui a très bien marché. On parvient à réunir entre 70 et 80 personnes sur une communauté de 1500 Français dispersés sur une région presque aussi grande que la France ! »

D’autres événements ont été organisés comme des brunchs ou encore les « bistrots du mardi » où l’UFE assure la promotion d’un restaurant dont le chef ou le propriétaire est Français.

« Le chef crée un menu spécifique pour l’occasion, ce qui lui permet de faire la promotion de ses talents de manière plus originale qu’un simple flyer. »

En janvier 2016, l’UFE de Canton prévoit un « Gourmet UFE », qui sera une véritable vitrine pour les entreprises françaises dans le domaine de la gastronomie.

Toujours en quête d’aventures entrepreneuriales, Florian s’intéresse actuellement au Cambodge. Nouveau pays, nouveaux projets. Il est certain que son dynamisme et son sens de l’adaptation et du relationnel lui assureront de belles réussites.

Si vous êtes résident ou de passage à Canton, n’hésitez pas à contacter l’UFE sur place

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