La question de la politisation de l’UFE est souvent posée. L’approche des élections consulaires du 25 mai prochain, où 1138 202 Français inscrits sur les listes électorales à l‘étranger seront appelés à élire leurs conseillers consulaires, rend la question d’actualité.
D’autant que ces conseillers compteront pour beaucoup parmi les grands électeurs des 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France. Je voudrais donc répondre à cette question de la manière la plus claire possible, pour que cessent les interprétations erronées et que chacun comprenne bien le rôle et la mission de notre association.
Reconnue d’utilité publique en 1936 (par le gouvernement de Front populaire dirigé par Léon Blum), l’UFE a été la seule association représentative des Français de l’étranger jusque dans les années 1980. L’UFE est donc à l’origine des fondements de tous les droits accordés à nos compatriotes Français expatriés. Il a bien fallu, pour faire valoir ces droits, qu’il s’agisse de celui des familles de ceux qui sont tombés pour la France lors du Premier conflit mondial, ou de l’exercice du droit de vote qui ne fut accordé qu’en 1945 aux Français de l’étranger, que l’UFE fit de la politique …
Depuis plus de 80 ans en effet, l’UFE milite en adaptant ses objectifs aux nécessités de la situation internationale et en agissant dans les domaines de la protection sociale, de l’enseignement, de la sécurité des Français, de la fiscalité, de l’exercice du droit de vote ou de la nationalité. Oui, l’UFE fait de la politique, car elle agit au sein de la cité pour les citoyens qu’elle représente. Non, l’UFE n’est pas un parti politique et ne bénéficie pas du financement public correspondant, mais elle est une association représentative de nos compatriotes à l’étranger.
Naturellement, l’UFE a participé à la représentation des Français de l’étranger, dès sa création, en 1927. Cette action a pris des formes de plus en plus organisées en s’appuyant, à partir de 1946, sur les Sénateurs représentant les Français établis hors de France, à l’institution desquels elle a pris une part essentielle. Elle pourra ensuite s’appuyer, à partir de 1948, sur le Conseil supérieur des Français de l’étranger, devenu en 2003 l’Assemblée des Français de l’étranger.
Ce faisant, l’UFE n’a jamais prescrit à ses adhérents d’adhérer ou de ne pas adhérer à un parti politique. Ceux-ci ont toujours été et demeurent totalement libres de participer, à titre personnel, aux élections nationales ou locales sous l’étiquette politique de leur choix. L’UFE, quant à elle, a toujours été fidèle à sa vocation d’intérêt général de représenter l’ensemble des Français de l’étranger, au-delà des affiliations politiques du moment. Très logiquement, que ce soit sous sa seule bannière ou en association avec d’autres forces, elle propose des candidats aux suffrages des Français de l’étranger lorsque ceux-ci sont appelés à voter. Elle choisit ses partenaires et ses alliances, en toute clarté et en toute légalité, en fonction de critères qui tiennent à sa conception des intérêts des Français de l’étranger, et de ses valeurs essentielles, l’accueil, l’entraide, la convivialité, et le rayonnement. J’y ajoute aussi, compte tenu des difficultés graves auxquelles notre pays est aujourd’hui confronté, le courage et l’esprit d’entreprise.
Gauche ou droite ? Comme je viens de le souligner, l’UFE ne s’inscrit pas dans ce clivage et ses adhérents sont libres de leurs choix. Il se trouve qu’au début des années 1980, le gouvernement français de l’époque a encouragé la création d’une autre association destinée à accueillir les adhérents et sympathisants du parti socialiste, à qui il a aussitôt conféré le statut d’association reconnue d’utilité publique. Nous continuons à regretter cette décision partisane qui a privé l’UFE de certains de ses adhérents et qui a divisé les Français de l’étranger. Mais les partis passent et l’UFE demeure, et de loin, la seule qui connaisse un tel rayonnement à travers ses représentations locales dans plus de 150 pays.
Le 25 mai, une fois de plus, notre association participera aux élections consulaires et appelle tous nos compatriotes à soutenir les listes qu’elle appuie ou auxquelles elle participe. Les Français de l’étranger disposent du droit de vote. Ils doivent s’en servir. Nos compatriotes à l’étranger ressentent parfois d’être tenus pour quantité négligeable par les pouvoirs publics français et souffrent souvent à juste titre de ne pas bénéficier de la plénitude des droits qui sont reconnus aux autres Français. C’est en votant massivement qu’ils y parviendront, tant il est vrai qu’un droit, comme la liberté elle-même, ne s’octroie pas mais se conquiert. Avec l’UFE !
Gérard Pélisson