Français au Cambodge, la vie continue !

Poursuivons notre petit tour du monde des Français en cette période de crise du COVID-19 avec une belle rencontre avec Cendy Lacroix, Présidente de l’UFE Cambodge.

Cendy qui es-tu  ? Peux-tu te  présenter en quelques lignes ?

Cendy Lacroix : Je suis une passionnée, par tout ce que je fais, par tout ce que j’entreprends, par toujours essayer d’évoluer, d’apprendre, pour apporter…  Le point commun de tout est « l’humain ». 
J’ai l’honneur d’être présidente de l’UFE Cambodge depuis Mars 2019. Je suis arrivée par hasard au Cambodge en 2012, ce petit royaume n’était pas dans le circuit touristique en Asie que nous avions prévus, mon mari et moi. Ce voyage était un repérage pour une future expatriation, certaine, mais encore peu définie. La rencontre avec ce pays a été une évidence. Ma première société de communication en 2013, organisait régulièrement des évènements et lors de ces rencontres, la problématique principale et majeure des participants expatriés était de connaitre et comprendre les lois et les procédures pour être en légalité au Cambodge. 
 
L’UFE très présente, donnait déjà de bonnes informations générales et était un lien important avec les représentations françaises au Cambodge, mais dans ce pays, dans les différents ministères des provinces, très peu d’agents parlaient anglais, les documents étaient en Khmers, et les procédures bien différentes selon les villes, et loin de ce que nous pouvions connaitre…  J’ai donc crée Business Center Cambodia. Ma société accompagne les expatriés dans l’étude des projets d’installations personnelles et commerciales, la recherche des lieux de vie ou des fonds de commerce adaptés, dans la négociation avec les propriétaires Khmers des contrats de locations, l’établissement des contrats et toutes les obligations administratives pour leur entreprise ainsi que pour leur situation personnelle, et tout ce qui  concerne les lois et procédures du Cambodge. 
 
Par contre, nous ne gérons pas du tout ce qui concerne les impôts de France, les retraites, la scolarité, les assurances santé … qui sont des sujets tellement importants lors d’une expatriation !
Depuis  longtemps déjà, je conseillais à mes clients d’être adhérents à l’UFE pour avoir une autre plateforme d’accueil avec différents services. Et cela fonctionne très bien. 

Où es-tu en ce moment ?

Cendy Lacroix : Bien que le confinement n’ait pas été imposé au Cambodge, j’ai choisi comme beaucoup, à titre personnel, de ne pas sortir, je suis donc en télétravail et j’en profite pour mettre en place avec l’équipe de l’UFE Cambodge, un plan com pour redynamiser nos entreprises lors de la reprise, étoffer notre site internet récemment créé, et puis traiter les affaires courantes; notamment la déclaration d’impôt, suivi du brûlant sujet des futurs impôts des non-résidents. Nous avons eu beaucoup de travail aussi, nous étant fait le relais de l’Ambassade de France au Cambodge pour aider à l’organisation du rapatriement de quelques 1000 concitoyens éparpillés à travers le Cambodge. Et aussi toujours, répondre aux impatients qui souhaitent s’implanter dès que possible au Cambodge ! 
Normalement très mobile puisque je suis 3 semaines par mois sur les routes et dans les hôtels à travers le Cambodge, cette sédentarité forcée m’a au début fait assez peur. Finalement,  avec ce merveilleux  outil qu’est internet, je peux garder contact avec tout le monde, en sachant que mes interlocuteurs tout aussi coincés, sont d’autant plus réceptifs. Alors nous nous tenons informés et préparons ensemble demain. Ce qui me  manque est toutefois la rencontre inattendue avec celui que l’on croise dans un de nos petits lieux de rassemblements…
 

Quelles ont été les mesures prises Cambodge pour lutter contre l’épidémie de COVID – 19 ?

Cendy Lacroix : Le gouvernement a été jusque-là vraiment efficace, vigilant, prévoyant, et les chiffres de 0 décès et avec moins de 250 cas testés positifs confirme leurs bonnes décisions. Les écoles ont rapidement été fermées, puis les bars de nuits, salons de massages, salles de sports, casinos et discothèques. Les frontières avec les pays limitrophes ont été fermées progressivement. Le gouvernement a demandé d’éviter les déplacements, a pendant les jours fériés du nouvel An Khmer en Mars, interdit la circulation inter-provinces, afin d’éviter la propagation du virus, car beaucoup de personnes quittent pour cette occasion, leur lieu de vie pour rejoindre leur famille dans les provinces.
 
Le gouvernement a demandé même pendant cette période festive de rester au travail pour aider l’économie du pays. Il a baissé voir annulé les taxes des entreprises dans certaines provinces pour aider les entreprises même étrangères, un salaire minimum a été mis en place pour les salariés dont l’entreprise était temporairement fermée. Il a demandé aux propriétaires de baisser les loyers. Des distribution de masques, de gel hydroalcoolique, de plaquettes informatives, de denrées et d’eau ont été et sont encore, distribués gratuitement dans les villages les plus pauvres, ainsi que dans les temples ou vivent des moines.  Il n’y a jamais eu de pénurie de masques ou de gel, et aucune augmentation n’a été autorisée pour ces produits.
 
Le Cambodge s’est engagé, dès le début des cas positifs observés, à soigner gratuitement tout le monde, même les étrangers résidents ou de passage; et ce fût le cas. Je citerai juste l’exemple d’un groupe de touristes français de l’est de la France, assez âgés (moyenne de 65 ans), tous testés positifs au COVID-19 et qui ont tous été soignés et guéris. 
Des programmes de télé-scolarités ont été créés… Le peuple Khmer a été très discipliné, ce qui a probablement été aussi un facteur important dans le bon résultat actuel. Les mauvais élèves étaient souvent les Occidentaux qui semblaient ignorer l’importance du port du masque ou de la distanciation sociale. Quelques jours de mauvais regards de la part des Khmers ont suffi à faire évoluer ces récalcitrants !  
 
Les entreprises gérées par des Français ont pour la plupart fermées, non pas pour le seul motif d’un manque de clients, car pour certains, ce n’étaient pas le cas, mais par respect de leurs employés Khmers inquiets d’être exposés à une clientèle étrangère. Ceux qui le pouvaient ont d’ailleurs maintenus le salaire de leurs employés durant la fermeture.

Comment l’UFE parvient elle à maintenir le lien social à distance ? 

Cendy Lacroix : Le Cambodge, bien qu’étant un petit pays, est très étalé. Les 6 villes  où vivent majoritairement  les quelques 5300 Français déclarés au Cambodge sont  parfois distantes de plusieurs heures en voiture. La communauté française est attentive (et curieuse), et se fréquente aisément, si bien qu’il y est assez facile d’obtenir et de transmettre des informations. On pourrait presque dire que tout le monde se connait, plus ou moins, même par personne interposée. 
 
A l’UFE Cambodge, nous sommes une petite équipe de 6 personnes; 3 résidents dans la capitale Phnom Penh, et les 3 autres, dans des provinces importantes et éloignées, ce qui nous permet d’être en contact étroit avec la communauté française de ces régions et d’être réactifs si besoin.
 
Nous avons un site internet flambant neuf   et nous diffusons des informations via notre page Facebook , qui est suivie par plus de 900 abonnés. Nous avons aussi une importante visibilité en communiquant sur les forums francophones du Cambodge  sur Facebook.
Dans un contexte normal, nous tenons aussi à être disponible pour rencontrer nos adhérents, pour cela, nous avons une permanence tous les matins à Phnom Penh , tenue par notre Vice-président Victor Rémigi.  Durant la pandémie, les rencontres se font  sur rendez-vous avec le respect des précautions de distanciation. Nous répondons bien sur également par e-mail .

Avec le recul, as-tu des conseils pratiques pour mieux vivre l’isolement social ? 

Cendy Lacroix : Avant tout rester positif, utiliser ce temps pour prendre le temps, de réfléchir, de s’enrichir, apprendre ou consolider nos connaissances de la langue locale, l’histoire du pays; renouer avec des passions souvent évincées par la vie courante. Et puis penser et préparer l’après pandémie. A présent le déconfinement est amorcé dans bon nombre de pays, il faut rester vigilants.

Un petit message pour les Français aux 4 coins du monde

Cendy Lacroix : La France bénéficie d’une assez bonne image partout dans le monde. Un pays qui est souvent présenté comme un modèle social, exemple dans le domaine de l’accès à l’éducation, aux soins, ou l’ élégance, savoir vivre et savoir-faire. Les comportements interprétés comme proches de l’insouciance, une certaine lenteur à prendre les mesures à l’ampleur du problème, largement décrits dans la presse mondiale, de notre pays durant la crise du COVID-19 ont peut-être un peu entaché cette belle image…  
 
Cependant les Français ont une incroyable faculté à s’adapter puis à rebondir. Notre histoire de France nous l’a prouvé. Cette capacité d’adaptation explique aussi peut-être que nous soyons  si nombreux à oser nous expatrier. Nous devons montrer au monde que nous avons plus que jamais des idées innovantes, des stratégies réfléchies pour redynamiser notre quotidien ou nos entreprises… Un moment idéal pour se démarquer ! 
 
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