A l’occasion de l’exposition qui se tiendra du 24 au 30 janvier 2015 à … Antonio WEHRLI et Alain ROUSSEAU et quelques artistes chinois présenteront quelques unes de leurs œuvres se rassemblant sous l’égide de l’amitié franco-chinoise, dont on a fêté grandement le cinquantenaire toute cette année 2014.
Nos deux peintres francophones ont en commun d’avoir perdu un moment la voie des arts au profit d’une destinée plus classique voulue par leur père, de l’avoir trouvée plus tard , d’avoir épousé la chine par amour, d’avoir découvert à Chengdu un lieu d’asile, de travail et d’inspiration… l’un plus jeune que l’autre, l’autre plus académique que le premier, ce parcours pictural promet une richesse à ne pas manquer.
Antonio WEHRLI, né en 1980, présentera une vingtaine de tableaux à la technique toute particulière, le « STRUCTURISME ». Il fut voyageur, photographe, en quête de lui-même et des autres, il utilise avant tout la peinture comme une matière à façonner, un corps à sculpter: l’application de la couleur suit la « structure » de la matière. Cette technique rappelle à l’œil non averti la technique du collage en ce qu’elle rompt la matière entre chaque partie de l’ensemble, mais s’en démarque parce qu’elle n’utilise que de la peinture à l’huile, son épaisseur, sa plasticité, l’intensité de sa couleur. La cassure est nette entre les formes et les teintes. Ainsi ses œuvres se créent en plusieurs étapes. Tels ses paysages où se conjuguent harmonie et fractures, tels ses miroirs d’eau où feuilles de lotus s’immobilisent dans une éternité graphique. A chaque étape, son temps de séchage, et sa méticuleuse application : ainsi, zone par zone l’artiste remplit les vides, structure après structure, il construit son tableau. Chaque œuvre demande alors plusieurs mois de gestation, voire un an.
De façon abstraite ou plus figurative, ses œuvres évoqueront les éléments, telles l’eau, la terre, la nature végétale, minérale. Epaisseurs, graphismes et couleurs, l’artiste oppose, rassemble, découpe, cadre… et dessine aussi sa propre géographie intérieur e: Les vagues sur sa toile lui viennent autant de la houle de l’eau que du mouvement du taï chi : « … et quand je peins ces peintures là je peux vraiment sentir l’énergie de la terre qui passe par mon corps pour aller sur la toile… je ne suis qu’un transport d’énergie…. Je peins pendant des heures, sans manger ni boire… quelques fois je dois m’arrêter parce que je tremble à l’intérieur de moi ».
Alain ROUSSEAU, né en 1934, nous proposera une trentaine d’œuvres, certaines ayant déjà été exposées, d’autres encore complètement inédites. Pour celles-ci, dont nous ne révèlerons rien maintenant, il faudra rester en discrétion jusqu’à l’exposition prochaine. Dans son art pictural, l’artiste nous implique dans son regard « chromobscur » de la réalité d’aujourd’hui. Jouant du clair-obscur des espaces fermés comme des paysages d’extérieur, il convoque sur une même toile les peintres du XVIème siècle, et les impressionnistes voire les fauves du siècle à peine passé. Des derniers, il emprunte l’usage saturé des couleurs, exit la loi des complémentaires, et les juxtaposent audacieusement. Aussi les noirs n’absorbent pas les formes colorées, mais s’y opposent. La couleur affronte le sombre avec arrogance, le délimitant, l’éclaircissant : le noir n’assombrit pas l’œuvre, la couleur donne toute sa « lumière » au sombre. Les uns participent à la mise en perspective des autres. Les toiles présentées lors de cette exposition tourneront autour de trois thèmes : les coqs, les fumeuses, et les chevaux, célébrant des noces impossibles, l’ancestrale dualité de la lune et du soleil, des ténèbres et de la lumière, du sensuel et du spirituel, du guerrier et du pacificateur, du feu et de l’eau, de la mort et de la renaissance… comme le point du Yin dans le Yang et le point du Yang dans le Yin, épousailles intimes, indéfectibles, équilibre de verres fins, fractures en sursis.
Cette exposition nous convie à la découverte de la chine par deux européens résolument ouverts aux rencontres : personnes, animaux, formes et couleurs jalonnent leurs recherches et nous en sommes les témoins privilégiés.