Discours prononcé par François Barry Delongchamps, Président délégué de l’Union des Français de l’Etranger, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’UFE Monde, le 12 mars 2016.
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je remercie Francis Huss et Geoffrey Party pour leurs rapports fort complets sur l’activité de notre association en 2015.
Je vais, comme chaque année, faire un bilan de la présence de l’UFE dans le monde et évoquer avec vous les points importants pour l’évolution de notre association.
Le Réseau
Pour la première fois cette année, le Maroc arrive en tête des 5 pays où notre présence est la plus forte. Celle-ci demeure également forte au Liban qui se classe second. En 3ème position, la Tunisie, puis la Suisse, puis le Portugal qui fait son entrée directement à la cinquième place.
La vie de notre réseau est un marqueur essentiel du rayonnement de notre association. Nous avons connu cette année un certain nombre de changements, fermetures, et ouvertures de nouvelles représentations.
La région où notre présence est la plus forte est l’Europe qui regroupe plus de la moitié des Français de l’étranger et un peu plus d’un quart de nos adhérents.
La progression la plus impressionnante cette année revient au Portugal. Je tiens à féliciter chaleureusement notre Administrateur Françoise Conestabile pour son énergie et son dévouement lors de cette année 2015 qui a vu sa représentation plus que tripler de volume. Françoise a su tenir le cap, jusqu’à ce que le Conseil d’administration, avec son accord, décide de scinder le Portugal en trois belles représentations, Lisbonne, que continuera de présider Françoise, Centre Ouest, présidée par Jean-Pierre Hougas, et Algarve, présidée par Patrick Mangin. Nous leur souhaitons la bienvenue.
L’Espagne de notre ami Francis Huss reste stable avec une belle progression à Barcelone, présidée par Pierre-Olivier Bousquet.
La Suisse reste le pays d’Europe où nous restons le mieux implanté. Je remercie nos présidentes pour leur soutien, Dominique Gubser et Marie Françoise de Tassigny, avec une mention toute particulière pour Marie-Anne Bucher qui a fait une très belle progression cette année à Bâle.
Je tiens également à remercier Jean-Christophe Romanet à Monaco pour son engagement et son dynamisme. Je souhaite à son successeur Christophe Pisciotta pleine réussite dans sa nouvelle mission.
Nous redémarrons en Autriche avec un nouveau Président Yoann Longuestre. Eric Salvat ouvre une UFE Centrum en Pologne qui travaillera en coordination avec notre fidèle président de Gdynia, Alain Mompert. L’UFE s’est installée à Istanbul présidée par Nicolas Mercier, à Moscou avec à sa tête Alexis Tarrade, en Bulgarie avec Benoit Mayrand. Une ouverture prochaine est prévue en Serbie sous la houlette de Claude Istria.
J’en profite pour remercier notre coordinateur Europe centrale et orientale Philippe Gustin qui, de Berlin à Budapest, a visité nos représentations et rencontré nos Présidents pour accompagner l’accroissement de notre présence dans cette zone.
En Afrique du Nord, le nombre de membres continue de progresser.
Notre représentation d’Agadir, présidée par Jean –Claude Rozier, augmente de plus de 20 %, Casablanca, présidé par notre fidèle administrateur Guy Savery augmente également. J’en profite pour saluer Myriam Benkerroum, présidente de la toute jeune représentation de Fès qui, à fin janvier, a déjà inscrit ses premiers…122 membres ! Bravo pour ce formidable dynamisme !
L’Algérie reste stable grâce à une représentation d’Alger présidée par Blandine Donot, qui réussit à fédérer le plus grand nombre de Français mais aussi de francophones et de francophiles. Merci Blandine pour votre engagement et votre fidélité sans faille.
La Tunisie n’est pas en reste puisque nos deux représentations présidées par Paule Badra et Laurent Caizergues sont en progression. J’en profite pour saluer Martine Valenza, toujours très présente à Tunis et Roselyne Cordin qui effectue un excellent travail à Sousse.
Le Proche et Moyen Orient arrivent en troisième position, avec bien sûr le Liban qui demeure la plus importante représentation de sa zone malgré un contexte toujours difficile. Je salue la nouvelle présidente de l’UFE Liban, Graziella Nasnas, sans oublier nos deux administrateurs Jean Louis Mainguy et Jean Marie Megarbané.
Belle progression de l’Arabie Saoudite. Merci à Jean-Louis Ubeda grâce à qui l’UFE n’a jamais été aussi florissante à Djeddah ainsi qu’à Roland Raad à Al Khobar.
Au Koweït, Ronan Poulnais a réussi à fédérer un nombre croissant de membres et nous l’en remercions. Mathieu Faupin relance l’UFE au Qatar et a déjà augmenté ses effectifs de plus de 50 %. Merci également à nos présidents d’Egypte, de Jordanie, d’Israël et des Emirats pour leur engagement.
Notre présence en Afrique Francophone est en baisse, conséquence des événements qui secouent un certain nombre de pays de la zone mais aussi d’une perte importante de membres en Côte d’Ivoire.
Je remercie la nouvelle présidente Martine Ducoulombier pour l’énergie qu’elle déploie pour reconstruire cette représentation qui a été longtemps l’un des fleurons de l’UFE en Afrique.
Notre présence reste conséquente au Gabon, avec Hervé Serol, au Sénégal avec Alain Floriet, en République démocratique du Congo avec Samsi Dhanani et au Burkina Faso avec Didier Ricci.
Nous progressons à Douala grâce à Jean-Christophe Cartron et en Guinée présidée par Henri Ledoux. Nous sommes toujours présents au Togo, en Centrafrique, au Mali, au Niger, à Maurice, au Congo et au Bénin.
Je passerai sur l’Afrique non-francophone où notre présence demeure limitée. Nous sommes représentés essentiellement en Tanzanie et en Ethiopie.
Pour l’Asie-Pacifique, tout d’abord un grand bravo à nos équipes de Chine dont le dynamisme et l’inventivité ne sont plus à prouver. Shanghai, emmenée par Gilbert Mennetret poursuit son ascension et manifeste une activité remarquable, comme l’a montré par exemple le téléthon de décembre dernier. C’est à Hong-Kong cette année que nos effectifs en Chine ont le plus augmenté, et que le nombre de membres a doublé, sous la présidence d’Alexandra Malandain.
L’UFE du Japon augmente également grâce à Michel Lachaussée et son équipe.
Un grand merci à Edouard Georges qui a réinventé l’UFE Vietnam et qui a, à l’heure où je vous parle, déjà doublé son nombre de membres, ainsi qu’à Ariane Nabarro qui relance notre réseau à Singapour.
Je remercie aussi nos présidents de Thailande et de Pondichéry pour leur implication.
Je ne pourrais terminer sur cette partie du monde sans évoquer le travail et la fidélité de nos deux vice-présidents, Alain Pierre Mignon en Indonésie, récemment élu Président de la Caisse des Français de l’étranger, et Thibaud Sarrazin Boespflug en Chine dont l’implication va bien au-delà des pays où ils résident. Merci à tous les deux !
Nous sommes encore présents dans la plupart des pays en Amérique du Sud et en Amérique Centrale, mais notre représentation pourrait y être plus forte. Il faut néanmoins noter une légère progression en Argentine avec Michèle Goupil et au Pérou avec Marie-France Cathelat. Notre représentation en Uruguay redémarre sous l’égide de Laurent de Lombardon.
J’en arrive à présent à l’Amérique du Nord.
Notre présence reste faible aux Etats-Unis dont la plus importante représentation demeure à San Francisco avec Laetitia de Mortillet. Pourtant il semblerait qu’un maillage plus fort se mette en place grâce notamment à Xavier Capdevielle en Floride, Cynthia Hajjar à Los Angeles et Gérard Epelbaum à New-York. L’ouverture et la relance de certaines représentations sont à l’ordre du jour de cette nouvelle année. Avant d’en terminer sur les Etats-Unis, je tiens à saluer toute l’équipe de l’UFE Seattle pour le soutien qu’ils ont pu apporter à la famille du petit Mateo, venu suivre un traitement spécifique à Seattle. Je salue leur bel élan de générosité et de solidarité.
Nous sommes peu présents au Canada. Je tiens néanmoins à encourager Karine Devolvé-Jolicoeur, à Montréal, où elle met en place des conférences et des newsletters d’information pour redonner des couleurs à l’UFE.
Pour conclure après ce Tour du monde, nous rentrons en France. Nos représentations en France aiment se retrouver pour partager les expériences de leurs expatriations. Elles ont un rôle majeur dans la préparation au départ et l’accueil au retour. Je remercie tout particulièrement Yann Le Provost, président de Paris-Ile de France et toute son équipe pour le temps et l’énergie qu’ils donnent dans l’organisation de leurs Expateliers tout comme pour la mise en œuvre du Pôle retour. N’hésitez pas à inciter, ceux de vos membres qui rentrent en France à contacter les UFE de Paris, Toulouse, Nantes, Poitou Charente, Bordeaux et Nice dont les Présidents se feront un plaisir de les accueillir.
Dans son rapport, Francis Huss a très justement mentionné les changements importants qui ont touché le siège de l’UFE à Paris en 2015. Après le départ à la retraite de notre déléguée générale, Hélène Charveriat, nous avons recruté un nouveau délégué général, Marc Boudin, que vous êtes déjà nombreux à connaitre. Charlotte Hemery a enfin été promue déléguée générale adjointe. Avec eux, l’équipe du siège est entièrement dédiée au développement de notre association dans les années qui viennent.
Le mouvement qui conduit les Français à décider de vivre à l’étranger prend de l’ampleur. L’INSEE nous apprend que 300 000 Français quittent la France chaque année. Cela fait près d’un million en trois ans et porte le nombre total de nos compatriotes expatriés à près de 3,5 millions, un nombre jamais atteint jusqu’à présent. Leur motivation principale n’est pas tant l’ « exil fiscal », phénomène marginal, même s’il est très médiatisé, que l’aspiration de nombreux Français à se donner de meilleures chances de réussir leur vie, ou de vivre leur retraite.
Dans ce contexte, le rôle et la responsabilité de l’UFE sont clairement posés. Les Français de l’étranger attendent aujourd’hui, notamment les jeunes, des réponses à certaines questions et des solutions à certains blocages : sur la prise de risque, sur les incitations à réussir sa vie, sur les récompenses de la réussite. Cela nous oblige.
Voilà pourquoi l’UFE doit se renforcer, pour servir toujours davantage les Français de l’étranger. Ces deux points seront maintenant l’essentiel de mon propos.
I – L’UFE DOIT SE RENFORCER
Pour y parvenir, nous avons identifié deux grands moyens :
– D’abord renforcer notre audience, notre communication, notre influence
– Dans le même temps, donner davantage de valeur, à la qualité de membre de l’UFE
Je vais revenir sur ces deux éléments-clé du développement de notre association qui visent à lui apporter une plus grande audience, davantage d’adhérents, des moyens d’action plus importants au service de tous nos compatriotes qui vivent à l’étranger.
1) Nous nous sommes décidés, il y a deux ans, à reprendre en main nos méthodes de gestion et nos moyens de communication.
Aujourd‘hui, nous y sommes. Les présidents de représentations ont pu le constater ce matin au cours d’une démonstration des nouveaux outils de communication. D’abord un nouveau site internet qui sera interopérable avec les sites des représentations à l’étranger, afin de partager une multitude de contenus, générer davantage d’audience, échanger les bonnes pratiques, mieux gérer nos adhérents et les visiteurs de nos sites.
Comme beaucoup de grandes organisations le font actuellement, l’UFE prend le tournant digital et entre dans le 21e siècle.
A quoi s’attendent aujourd’hui nos adhérents, futurs adhérents et les internautes qui nous découvriront à travers le monde numérique ?
Ils s’attendent à une communication fluide, rapide, efficace, et centrée sur eux. Cela va donc bien plus loin qu’un changement d’outils.
Pour ce faire, un cahier des charges a été réalisé au début 2015. Il prenait en compte la nécessité de créer un outil informatique conçu de manière globale et composé de quatre éléments :
– Un système d’information moderne et centralisé. Ce système d’information sera l’épine dorsale de l’UFE. Il permettra de recueillir, stocker et traiter l’information, qu’elle provienne des internautes et utilisateurs de nos futurs outils en ligne, qu’elle provienne des adhérents, des représentations ou de toute autre source pertinente. C’est également l’outil qui vous permettra de gérer avec efficacité vos activités.
– Un nouveau site internet, connecté au système d’information de l’UFE. Avec une conception totalement revue selon les meilleurs standards actuels, il offrira une palette de services à destination des internautes, des adhérents et aussi des représentations. Il utilisera une technologie lui permettant d’être accessible à partir de n’importe quel type de terminal : ordinateur portable ou de bureau, tablette, et bien sûr smartphone. Ce site internet sera connecté au système d’information de l’UFE, permettant ainsi aux représentations d’agir et de communiquer localement, mais aussi mondialement.
– Une appli mobile, elle aussi connectée au système d’information de l’UFE. L’Appli mobile permettra:
– de notifier en temps réel à nos adhérents une information, un évènement, une alerte,
– de bénéficier des capacités de géolocalisation offertes par les smartphones pour offrir des services,
– de renforcer et favoriser la communication entre les adhérents, et des représentations vers les adhérents.
Elle offrira des services qui auront pour but de créer du lien entre les adhérents mais aussi inciter les sympathisants ou les candidats à l’expatriation à découvrir l’UFE et devenir adhérent.
L’Application mobile de l’UFE sera connectée elle aussi au système d’information de l’UFE, offrant aux représentations des possibilités de communication nouvelles.
– La mise en place d’outils de référencement Web, au niveau mondial
Les enjeux du référencement sont tout simplement ceux de l’audience : la représentativité de l’UFE est en partie liée à sa capacité à démontrer l’existence d’une audience.
L’année 2015 a été celle du recrutement des agences pour concevoir et produire nos outils, mais aussi nous accompagner dans cette transformation. L’agence ECEDI a été retenue car elle proposait un accompagnement global, en partenariat avec un pool d’agences spécialisées.
Le dernier trimestre 2015 a été consacré à la validation des choix technologiques avec le concours de l’agence, et l’établissement d’un planning de production sur 10 mois. Depuis le début 2016, les équipes sont désormais passées en phase de production et les différents chantiers sont en cours.
Notre objectif est de basculer l’été prochain dans notre nouvel environnement de travail.
L’UFE n’avait pas pris le tournant de l’audience digitale, c’est chose faite.
2) Notre deuxième grand objectif est de donner de la valeur à l’adhésion à notre association par des offres attractives et ciblées, au profit des adhérents. A cette fin, nous avons commencé à négocier et à conclure des accords de partenariats. Outre le groupe hôtelier Accor et la Banque Transatlantique qui sont des partenaires historiques toujours essentiels, notre stratégie consiste à faire l’inventaire des besoins de nos adhérents, présents et futurs : vie familiale et professionnelle, accompagnement scolaire, formation, logement, santé et assistance, transports et loisirs, retraite, fiscalité, assistance juridique, gestion de patrimoine, départ, installation à l’étranger, et retour en France. etc…
Nous avons déjà conclu des accords avec avec Intermarché, Réside Etude, Expatrissimmo, Acadomia, Novelvy Retraite, Intervista, Mobilitas, VPatImmo, Travelercar, le Champagne Louis Roederer, La Fondation Alliance Française, dont le Président viendra nous parler tout à l’heure, et Erasmus. D’autres accords suivront, avec une vingtaine d’autres groupes dont, si possible, une compagnie aérienne et une société d’assurance. Ceci fera l’objet naturellement d’une communication claire pour indiquer à nos adhérents les avantages qu’ils pourront retirer de tous ces partenariats. Je souhaite enfin étendre cette action au domaine de l’audiovisuel par des accords avec des chaines de télévision et des sites de diffusion culturelle.
Cette stratégie vise quatre objectifs :
– J’ai déjà mentionné le premier qui est de donner de la valeur à la qualité d’adhérent à l’UFE, et par conséquent d’encourager aussi de nouvelles adhésions ;
– Le deuxième objectif est accroitre notre réseau, en allant avec nos partenaires dans de nouveaux pays et d’y ouvrir de nouvelles représentations ;
– Le troisième objectif est de constituer avec nos partenaires une communauté de confiance, capable de proposer une gamme complète de services au profit des Français qui envisagent de partir à l’étranger, qui y sont déjà, ou qui en reviennent ;
– Le quatrième et dernier objectif, mais non des moindres pour l’UFE, est de recevoir un soutien matériel appréciable, par exemple sous forme de mécénat, des entreprises partenaires qui nous accompagnent dans notre développement.
II – POUR MIEUX SERVIR LES FRANÇAIS DE L’ETRANGER
Le renforcement de notre association, tel que je viens de le décrire, répond à notre objectif qui est de toujours mieux servir les Français de l’étranger. Ceci, nous l’avons souvent dit, consiste à donner une voix aux Français de l’étranger et les mobiliser sur les thèmes majeurs qui les intéressent, qu’il s’agisse de thèmes d’intérêt général essentiels (sécurité, fonctionnement des services consulaires français, éducation, protection sociale, fiscalité, emploi, retraite), ou de préoccupations spécifiques de communautés françaises installées dans des régions, pays, zones de conflit ou situations déterminés.
Sans pouvoir traiter tous les sujets, je vais évoquer certains de ces thèmes avec vous,
D’abord l’enseignement français à l’étranger
Au moment où les Français se rendent de plus en plus nombreux à l’étranger, où leurs communautés se multiplient et se diversifient, l’éducation de leurs enfants et le maintien d’un lien avec la culture et la langue françaises revêtent une importance primordiale.
La France dispose d’un magnifique réseau d’écoles à l’étranger, qui était d’abord destiné à diffuser la culture française dans le monde. Près de la moitié des élèves de ces écoles sont des jeunes français.
Mais ce réseau est menacé. La participation financière des familles, qui était de 40 % il y a 25 ans, dépasse désormais largement les 60 %. Cette proportion est appelée à augmenter encore en raison de la diminution du budget des bourses et des aides aux établissements.
Le nombre de ceux qui ne bénéficient d’aucune offre scolaire, d’aucune bourse, ni d’aucune autre aide va également augmenter, puisque le réseau des établissements ne se développe pas au rythme des communautés françaises à l’étranger. La proportion d’enfants français à l’étranger qui ne sont pas scolarisés dans un établissement français dépasse actuellement les deux tiers. Elle va continuer à progresser.
Dans le même temps, l’Etat a décidé de supprimer la prise en charge des frais de scolarité des élèves du niveau lycée, et par conséquent d’abandonner l’objectif de gratuité de l’enseignement pour les Français à l’étranger.
L’attribution plus généreuse de bourses scolaires était supposée compenser les conséquences de la suppression de cette prise en charge des frais de scolarité. Or seulement 5 % des familles qui bénéficiaient de la prise en charge ont bénéficié d’une bourse. Les bourses elles-mêmes sont en train de se déconnecter de la réalité. A Londres par exemple, le montant des bourses est calculé à partir des frais de scolarité de l’établissement le plus aidé par l’Etat, donc le moins cher. Pour 80 % des familles, ces bourses sont donc déconnectées de ce qu’elles doivent réellement acquitter. Enfin, les critères très rigoureux d’attribution des bourses font peser une charge financière redoutable sur les familles dont les revenus sont trop élevés pour prétendre à une bourse, mais qui ne bénéficient pas de l’aide des grandes entreprises pour leurs salariés expatriés. Bref, les enfants de la nouvelle génération d’expatriés risquent d’être exclus de l’enseignement français à l’étranger.
Ces évolutions mettent aussi en péril la situation financière de certains établissements d’enseignement qui manqueront des ressources correspondantes.
Finalement, et c’est peut-être le seul motif de satisfaction bien amer de la situation, les choix budgétaire de l’Etat aboutissent aujourd’hui à la nécessaire remise en cause de ce qui n’était déjà ni très juste ni très efficace. Nous n’en sommes pas surpris. Nous assistons en effet à la crise du système mis en place dans le cadre de l’AEFE en 1990. L’UFE l’avait analysé sévèrement dès l’origine et en avait annoncé les conséquences pour les familles, telles qu’elles se réalisent aujourd’hui. Le moment est venu d’en tirer les conséquences et d’élaborer un projet global autour des besoins des communautés françaises et des intérêts de notre pays. Les principaux éléments de cette refondation devraient porter sur :
– Le modèle d’organisation et d’enseignement, qui doit répondre aux besoins d’aujourd’hui des communautés françaises et assurer à chaque établissement, autour de sa direction, une autonomie et une responsabilité réelles.
– La clarté des comptes et des financements, publics et privés, au niveau de chaque établissement ;
– Les responsabilités des parties prenantes, à commencer par les parents, qui sont actuellement quasiment absents des organes de décision de l’AEFE ;
– Les principes d’équité, de non-discrimination, d’entraide, et de représentation.
Naturellement, l’UFE est prête à prendre toute sa part dans ce que j’appelle une nécessaire refondation de l’enseignement français à l’étranger.
La citoyenneté ne se divise pas. L’UFE s’est battue avec succès pour obtenir le droit de vote pour les Français de l’étranger. Elle se mobilise pour l’enseignement. C’est une cause dont les enjeux doivent dépasser les querelles partisanes.
La FISCALITE
Les Français de l’étranger se posent quatre types de questions concernant la fiscalité française :
Quand cessera le prélèvement de la CSG/CRDS sur les revenus du patrimoine des Français de l’étranger ? Nos parlementaires luttent sans relâche contre cette mesure invraisemblable entrée en vigueur en 2012 qui fait l’objet d’une confusion inégalée et probablement inégalable, s’ajoutant au sentiment d’injustice.
Quand peut-on espérer une harmonisation du statut fiscal des non-résidents ? Une harmonisation permettra pour tous la déductibilité des charges et l’égalité fiscale des contribuables face aux règlements européens.
Jusques à quand les non-résidents seront-ils soumis à l’obligation d’obtenir de la mairie une autorisation de changement d’usage pour louer leur bien pour une courte durée ? Cette obligation a été créée par l’article L. 631-7-1 de la loi ALUR. J’y vois une véritable discrimination au détriment des Français de l’étranger. Nombre de nos compatriotes établis hors de France sont dans l’obligation de conserver un logement sur le territoire national, celui-ci étant pour eux la seule solution de repli leur permettant de protéger leur famille des risques encourus dans leur lieu de résidence, notamment les risques naturels et/ou d’instabilité politique. Or, depuis quand un maire est-il en mesure d’apprécier ces éléments ?
Enfin, je sais que de nombreux Français de l’étranger s’inquiètent de ce qu’on appelle l’impôt sur la nationalité, c’est-à-dire l’établissement d’un lien entre impôt et nationalité.
UFE et POLITIQUE
La période qui vient sera marquée par d’importants enjeux nationaux, qui intéressent également les Français de l’étranger et leurs élus. Au moment où notre association s’est engagée dans un important effort de rénovation, les prises de positions, liées à la préparation des élections présidentielles de 2017, ne doivent pas affecter la cohésion et le développement de l’UFE.
L’UFE doit respecter et faire respecter la liberté et les engagements de ses membres qui peuvent être différents. De par ses statuts, l’UFE ne se rattache à aucune formation politique ou confession religieuse et, conformément à la loi française, ne fournit aucun soutien matériel ou financier à aucun candidat ou parti politique. Par ailleurs, pour faire valoir les intérêts des Français de l’étranger, depuis plus de 80 ans, l’UFE intervient dans les domaines de la protection sociale, de l’enseignement, de la sécurité des Français, de la fiscalité, de l’exercice du droit de vote ou de la nationalité. L’UFE fait donc de la politique, car elle agit au sein de la cité pour défendre les intérêts des citoyens qu’elle représente. Mais l’UFE n’est pas un parti politique et ne doit pas se substituer à eux. Elle sera dans son rôle, le moment venu, en interrogeant les candidats aux élections présidentielles sur les grands sujets qui intéressent les Français de l’étranger, de manière à éclairer le débat. Elle appellera nos compatriotes inscrits dans les consulats à voter. Mais elle ne prendra pas parti car elle est et demeure une association représentative de tous nos compatriotes résidant à l’étranger.
Dans cet esprit, nos membres doivent veiller à ce que leur éventuel engagement politique soit compatible avec la neutralité de notre association. Cette règle est impérative pour les présidents de représentation, qui devraient en règle générale s’abstenir de présider en même temps la section locale d’un parti politique et ne pas importer leur engagement partisan au sein de l’UFE. De même, l’engagement en faveur de tel ou tel candidat devra se faire de manière à respecter les sensibilités des autres membres de l’UFE.
CONCLUSION
Pour conclure, je voudrais rappeler que le premier de nos engagements, en servant les Français de l’étranger, est de servir la France, notre pays, en mobilisant le capital incomparable que constitue le réseau des représentations UFE dans le monde, et les personnes qui les composent, à commencer par vous tous, ici réunis. Ce capital de richesses, ce trésor, croyez bien que nous allons le faire fructifier pour qu’il soit utile à la France.
L’autre enjeu majeur, qui doit aussi dépasser les querelles partisanes, c’est en effet la situation de notre pays, face à tous les défis du monde d’aujourd’hui, dont les événements récents à Paris ont montré toute la gravité et l’horreur. Nous, les Français de l’étranger, avec l’UFE, sommes partie prenante à ce combat. Je vous renvoie au message que le Président Gérard Pélisson et moi-même avons rendu public au lendemain des attentats du 13 novembre. Vous avez, de partout, montré votre solidarité, votre détermination, et votre fierté d’être Français.
La force de l’UFE, c’est son ancrage local, son réseau, sa diversité, et l’action de ses membres. Soyons en fiers, comme nous sommes fiers de notre beau et grand pays, plus que jamais en ce moment.
François Barry Delongchamps, Président délégué de l’UFE