Le monde en 2021 : le calme avant la tempête ?

L’année 2021 est sur le point d’arriver à son terme et certains se réjouissent déjà de pouvoir revenir à un monde plus tranquille et apaisé, loin des incertitudes du COVID et des tracas suscités par la réorganisation chaotique de la société face au risque sanitaire. Pour autant, les optimistes devraient mettre un peu d’eau dans leur vin et se préparer à voir certaines de leurs espérances déçues : même si la parenthèse COVID semble sur le point de se refermer, les crises qui agitaient le monde avant cette période pandémique sont en train de faire un retour fracassant.

Des gouvernements et des régions plus déstabilisés que jamais

Si la crise du COVID a fait ressortir le meilleur chez certains, elle a aussi fait ressortir le pire. La pandémie a notamment exacerbé les tensions sociales et les inégalités de richesse, contribuant ainsi à déstabiliser des pays déjà très fragiles. Ces difficultés sanitaires sont venues se surajouter à des problématiques locales déjà complexes à gérer, créant ainsi des situations explosives.

Comme souvent malheureusement, le continent africain est le premier théâtre de ces bouleversements violents. Ainsi, en 2021, le continent a connu une série de conflits et de mouvements sociaux importants. L’Éthiopie a poursuivi sa guerre au Tigray, la Libye ne parvient pas à sortir de la spirale de la guerre, le Mali a fait face à deux coups d’état, la Guinée est au bord de la guerre civile, le Tchad a perdu son charismatique président, le Mozambique doit composer avec la présence de l’État Islamique dans le nord du pays et le Soudan est en plein coup d’État au moment où nous écrivons ces lignes.

Ces bouleversements régionaux, sur fond d’implantation (en termes économiques, de communication, voire militaires) turque, russe et chinoise, augurent une recomposition profonde du territoire, qui n’en est probablement qu’à ses débuts et qui impliquera probablement de nouveaux conflits sur le long terme.

Dans le reste du monde, le gouvernement birman est tombé face à une junte militaire et le fragile gouvernement afghan a succombé face à la guerre éclair menée par les Taliban. Ces deux événements, dans des pays stratégiques géographiquement, laissent craindre des mouvements de population massifs qui contribueront à déstabiliser l’équilibre de ces régions. Au Moyen-Orient, le Liban continue à s’enfoncer dans la crise, avec désormais un Hezbollah aux accents guerriers qui menace le gouvernement de commencer une guerre ouverte. En Amérique Latine, le Venezuela et les petits pays d’Amérique Centrale sont toujours en pleine crise économique et migratoire, tandis que Haïti peine à se relever de la crise politique ouverte par l’assassinat du Président, créant un contexte sécuritaire dangereux, notamment pour les travailleurs humanitaires.

Une désunion européenne

Ces déstabilisations touchent aussi l’Union Européenne, sous une forme certes très différente. La crise des réfugiés continue ainsi de fracturer profondément l’Union Européenne : dans un souci de vengeance contre l’ingérence européenne dans sa politique intérieure, le président biélorusse a ainsi décidé d’utiliser les migrants irakiens et afghans comme un moyen d’exacerber les tensions au sein de l’UE, en ouvrant sa frontière occidentale afin de faciliter l’entrée de migrants en Pologne et en Lituanie. En Mer Égée, la Grèce fait toujours face à la pression venue de Turquie, tandis qu’en Méditerranée, les enclaves espagnoles en Afrique sont de plus en plus sous pression. L’UE se trouve ainsi de plus en plus divisée sur des sujets cruciaux, conduisant certains pays à affirmer des velléités d’autonomie, au grand dam des expatriés européens qui craignent de voir un scénario similaire au Brexit se répéter.

La concrétisation croissante d’un risque climatique

De façon plus globale encore, 2021 aura été l’année du risque climatique. Si le sujet est désormais bien connu et largement documenté, chaque année apporte son lot d’éléments alarmants supplémentaires.

Ainsi, une fois encore, le record d’incendies a été battu au cours de l’été, avec plusieurs dizaines de milliers d’hectares de végétation calcinés, notamment au Maghreb et en Amérique du Sud. Les États-Unis ont aussi connu leur lot de problématiques écologiques, avec notamment une recrudescence des typhons dans la partie Est du pays et une augmentation nette des incendies sur la côte Ouest.

D’un point de vue mondial, ce risque climatique conjoncturel (tempêtes, incendies) vient se surajouter au risque climatique structurel (montée des eaux, augmentation de la température, désertification) pour créer une dynamique explosive : faillite des états dépendants du tourisme ou de l’agriculture, perte de façade maritime et de ZEE, mouvements de population massifs, etc.

Une explosion du risque cyber

Une dernière tendance globale a été observée en 2021 : l’explosion de la menace cyber. La pandémie et les confinements ont contribué à digitaliser l’économie, avec des centaines de milliers d’entreprises et de commerces se trouvant face à la nécessité de réaliser leur transition numérique.

Le résultat de cette « ruée vers le web » ne s’est pas fait attendre : les conséquences dramatiques des attaques informatiques sont en augmentation constante depuis un an. Les deux principaux risques identifiés par les chercheurs en sécurité sont les ransomware et le vol de données.

Un ransomware est un logiciel pirate qui permet d’infecter un ordinateur ou un téléphone et de le bloquer totalement, jusqu’à ce que l’utilisateur paye une rançon, souvent en cryptomonnaie (Bitcoin), pour libérer ses données. C’est une sorte de prise d’otage des données numériques.
Le vol de données est quant à lui bien plus simple : il s’agit le plus souvent de corrompre un point d’accès Wi-Fi public (hôtel, aéroport) ou une antenne relais data, ce qui permettra au pirate de capter les données de tous les appareils qui s’y connecteront.

Contrairement à une idée reçue, les PDG et les grandes entreprises ne sont pas les seuls visés par ces attaques. Les pirates préfèrent souvent attaquer des TPE/PME ou des particuliers et des cadres, plus faciles à hameçonner. Les grandes villes mondialisées, comme New York, Singapour, Londres ou Hong-Kong, font ainsi face à une prolifération d’attaques cyber, un business très lucratif dans un monde où l’information vaut de l’or.

Il s’agit d’un défi face auquel les pays restent très inégalement armés et préparés. Le manque de coopération internationale dans le domaine cyber facilite par ailleurs la mondialisation de la criminalité numérique, avec des pirates qui hameçonnent leurs victimes en se cachant dans les pays à la législation permissive ou mal appliquée.

Et cette tendance semble loin de s’éteindre : les annonces du patron de Facebook de consacrer un large budget à son projet de metaverse (un monde virtuel perpétuel dans l’internet) laissent penser que notre vie virtuelle va prendre de plus en plus d’importance et de valeur à nos yeux et donc aux yeux des pirates.

En conclusion, si la crise sanitaire a en quelque sorte « gelé » une grande partie du monde et donc des réseaux criminels et terroristes ainsi que des crises géopolitiques, cette accalmie n’était que temporaire. Le monde revenant à son rythme de fonctionnement normal, on se rend compte que non seulement les menaces n’ont pas disparu, mais qu’elles ont accumulé de l’élan et de la force, pour revenir sous un visage différent.

Article rédigé par notre partenaire Gallice

Tous les ans, GALLICE mobilise ses analystes, ses spécialistes de l’accompagnement en zones à risques, ses correspondants et un groupe de chercheurs et d’experts de haut vol pour produire une carte mondiale des risques. Cette carte comprend un focus, différent à chaque nouvelle édition, sur un sujet d’actualité ou de préoccupation sécuritaire.

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