L’UFE décrypte le rapport de Mme Samantha Cazebonne, Députée de la 5ème circonscription des Français établis hors de France sur l’enseignement français à l’étranger (EFE).
Le rapport de Mme Samantha Cazebonne, députée (LReM) de la 5ème circonscription des Français établis hors de France, publié le 4 février 2019, était très attendu. Il touche à un sujet crucial, à la fois l’enseignement des jeunes Français de l’étranger, et donc aussi le lien avec la France, culturel, linguistique, civique, de la nouvelle génération de Français établis hors de France, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Il touche aussi la coopération éducative et linguistique avec les pays étrangers et la formation des élèves étrangers qui fréquentent les écoles françaises. Il touche donc à plusieurs titre le rayonnement de la France. Pour toutes ces raisons, cette question est au cœur des préoccupations de l’UFE, dont la raison d’être est précisément la défense des intérêts des Français de l’étranger, l’entraide, et le rayonnement de notre pays.
Ce rapport constitue un document exhaustif qui traite de façon approfondie et rigoureuse l’ensemble du sujet, sans rien laisser de côté. Pour ceux qui pourraient hésiter à en lire les 329 pages, des résumés permettent de saisir les données et les propositions essentielles.
Après une analyse complète, sans concession ni complaisance, de la situation actuelle de l’enseignement français à l’étranger, le rapport pose les principales questions et propose des réponses qui se traduisent de manière concrète en recommandations. Rien n’est laissé dans l’ombre, quelle que soit la complexité des sujets : diversité des établissements, de la situation des familles et des élèves, du statut des enseignants, des questions de budget, d’administration et d’implantation géographique.
Il convient de saluer la perspective qui marque les principales réflexions de ce rapport : sur le modèle d’enseignement ; sur les publics concernés dont les intérêts peuvent être différents, voire en apparence contradictoire. Les questions sensibles, il n’en manque pas, sont abordées avec tact et intelligence, marque d’une maitrise véritable du sujet.
Il convient de saluer en particulier les questions posées p. 92 : « alors que la France (…) scolarise tous les enfants présents sur son territoire, indépendamment de leur nationalité, comment peut-elle se désintéresser de ses propres enfants établis hors de France qui n’obtiennent pas de place dans un établissement homologué de l’EFE ». Parce que celui-ci est saturé, trop cher, trop éloigné. Le doigt est pointé. Des réponses sont proposées, un élargissement bienvenu et très attendu des homologations d’établissements, une meilleure prise en compte du rôle des parents d’élèves, et surtout un « chèque éducation » pour permettre aux familles de financer des formules alternatives.
Il convient aussi de saluer les propositions tendant à développer véritablement la coopération éducative avec les pays étrangers pour développer l’offre d’enseignement local, dans des sections bilingues par exemple. La formation des enseignants, la gestion des établissements, la place des parents, occupent une partie importante de la réflexion et des propositions.
Quelques interrogations toutefois peuvent être exprimées. La proposition n°45 propose de « rendre obligatoire le recrutement d’un personnel d’encadrement titulaire dans les établissements de niveau collège en procédure d’homologation, ou d’un professeur des écoles titulaire avec une expérience de direction si le seul niveau proposé est le primaire. Fixer un taux minimum de personnels titulaires en contrat local ou d’enseignants issus des ESPE locales (?) dans les critères de validation et de suivi de l’homologation ». Si l’on comprend le jargon administratif, cela risque d’aboutir à durcir les critères de l’homologation que tout le reste du rapport tend au contraire à favoriser. Pourquoi un établissement d’enseignement à l’étranger devrait-il nécessairement recruter un quota minimum de personnel titulaire de l’Education nationale française pour être homologué ? Ce point laisse songeur.
Une autre grande interrogation demeure le chiffrement budgétaire des mesures proposées. A une analyse juste, selon laquelle les familles des classes moyennes sont pratiquement exclues ou doivent faire des efforts financiers redoutables, ce que l’on savait déjà, la réponse n’est pas claire. Il est proposé d’élargir les bourses, mais pas de prendre en charge les frais de scolarité. Bref, tout dépendra de l’effort budgétaire envisagé par les pouvoirs publics. Or on sait que cet effort est en diminution. La décision est entre les mains du gouvernement et de sa majorité parlementaire. La problématique demeure inchangée : les Français de l’étranger n’occupent ni les rond- points, ni les Champs Elysées le samedi.
Au total, ce rapport mérite d’être salué et constitue une réussite. Il l’emporte sur tous les travaux réalisés en la matière. Il ne part pas du point de vue d’une administration, d’une corporation ou d’une coterie. Il cherche avec rigueur un passage étroit entre le possible, et le souhaitable. Plutôt que de le critiquer, espérons que l‘on s’attachera à le mettre en œuvre.
Consulter le site de Madame Samantha Cazebonne
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