L’association Adiflor que préside le sénateur Duvernois offre 200 000 ouvrages par an aux jeunes du monde entier.
Je ne connais pas la caverne d’Ali Baba. Je ne suis jamais allé dans l’île au Trésor. Mais j’ai découvert un lieu dont les richesses peuvent aussi faire rêver. Imaginez deux halls de 1100 m2, traversés d’immenses étagères alignées comme à la parade et couvertes de livres – les professionnels appellent cela des racks. Une vraie librairie pour Gulliver. Avec un G comme générosité.
C’est à Fagnières, aux portes de Châlons-en-Champagne, capitale de la région Champagne-Ardenne, que trône cette cathédrale de la connaissance et de l’information. Dans cette ancienne fabrique de meubles, Adiflor, l’Association pour la diffusion internationale francophone de livres, ouvrages et revues, rassemble près de 300 000 ouvrages. Des livres qui partiront bientôt à travers le monde pour être distribués à ceux qui n’en ont pas.
Car telle est la raison d’être de l’association : diffuser ces instruments du savoir là où ils sont le plus nécessaires et d’ailleurs attendus. Des livres scolaires en majorité, mais aussi des romans, des bouquins d’histoire, des essais, des ouvrages scientifiques… Au total quelque 200 000 livres partent chaque année, ici pour une école, là pour une bibliothèque. Une mission irremplaçable au service de l’éducation mais aussi de la francophonie.
Il faut entendre le sénateur Louis Duvernois, son président depuis 2002, rendre hommage aux bénévoles, une cinquantaine au total, qui travaillent pour l’association : « Ils ont la foi ! », s’exclame-t-il, tout en reconnaissant qu’il en faudrait bien plus encore. Il faut entendre aussi la déléguée générale Isabelle Le Camus de Lagrevol rappeler les 1500 projets réalisés depuis vingt-cinq ans, à raison d’une bonne cinquantaine par an.
Il faut surtout les voir à l’œuvre ces bénévoles, comme Marie-Dominique, à la fois modestes artisans du savoir et maillon essentiel de cette chaîne de solidarité. Ils sillonnent les neuf allées thématiques, réceptionnent les livres, les trient, préparent les commandes… Une commande, cela peut aller de quelques cartons de 100 livres chacun à un container entier ! Parfois réalisée dans le journée, elle peut aussi demander plusieurs mois. Le record : Haïti, où la commande passée en 2009 a été livrée cette année. Il est vrai que l’île a été dévastée entre temps … {mospagebreak} … par un séisme.
Lorsqu’une bibliothèque, une école, un centre culturel du bout du monde consulte le stock et passe commande, la mécanique Adiflor se met en route. Jean-Paul, l’un des deux salariés, en charge de la gestion du stock, valide la commande, la prépare. Le destinataire peut la suivre…s’il a Internet. Il faudra ensuite conditionner, s’occuper du transport.
La majorité des ouvrages provient de dons des éditeurs. Il est vrai que l’édition compte quelque 19 millions d’invendus chaque année. Quelquefois pourtant, pour une demande particulière, il faut solliciter un éditeur, voire acheter lorsqu’il s’agit par exemple de dictionnaires, rarement offerts.
Au printemps dernier, une centaine de cartons partaient pour l’Ecole francophone internationale de Varna, en Bulgarie. Louis Duvernois apportait à Vilnius, en Lituanie, une valise, remplie de livres celle-là… Demain, si tout va bien, la Tunisie recevra 15 000 livres, avec l’aide du ministère français de la Culture, très attentif à cette opération. Entre temps, le pays à l’honneur cette année, le Cameroun, aura reçu sa cargaison d’ouvrages scolaires, plus de 50 000.
Mais la foi ne suffit pas. Il faut aussi des fonds. Certes, les institutionnels sont toujours là, le ministère de la Culture, l’Institut Français, la réserve parlementaire du Sénat, des villes aussi parfois. Mais les financements ne progressent pas et les sponsors se font rares.
Or un livre qui sort de Fagnières coûte environ 1,50 euro en frais divers. Car même si les ouvrages sont donnés (mais pas le transport de la maison d’édition…) et la main d’œuvre bénévole, même si les fameux racks ont été offert – et montés ! – par une grande enseigne d’hypermarchés, le traitement et l’acheminement ont un coût. Adiflor réfléchit donc à une légère contribution par carton, à ceux qui le peuvent.
« Mais notre mission est accomplie, s’émerveille Louis Duvernois, lorsque nous avons le bonheur de voir des enfants plonger dans les livres neufs qu’ils viennent de recevoir ».
Jean Marchand
Pour en savoir plus : consultez le site www.adiflor.org
L’UFE est partenaire d’ADIFLOR.
|
Pour monter un projet avec Adiflor …
Créée en 1985 par l’ancien ministre de la Coopération Xavier Deniau, l’association Adiflor s’est fixée quatre missions : encourager et faire vivre la lecture en français dans le monde en semant le plaisir du livre dans notre langue ; valoriser la diversité culturelle francophone ; faire partager le patrimoine culturel de notre pays ; cultiver l’action solidaire.
En 2002, Louis Duvernois a succédé au sénateur de l’Orne Daniel Goulet.
Pour monter un projet, il faut remplir plusieurs conditions. 1. Seuls les organismes juridiquement constitués et les institutions peuvent soumettre une demande de livres (associations, ONG, établissements scolaires, Alliances françaises, centres et instituts culturels, bibliothèques) ; les demandes faites par des particuliers ne peuvent pas être satisfaites ;
2. Le demandeur n’a pas les moyens d’acheter des livres ;
3. Il doit disposer d’un local aménagé ;
4. Il participera aux frais de gestion (transport, conditionnement, stockage….) qui lui seront demandés ;
5. Il s’engage à ne pas revendre les ouvrages reçus en don ;
6. Le demandeur est en mesure d’organiser et de prendre en charge le transport depuis le stock d’Adiflor à Fagnières jusqu’au bénéficiaire, frais de douane compris ;
7. L’organisation ayant fait la demande s’engage à faire un compte-rendu à Adiflor ;
8. Le demandeur s’engage à faire la communication d’Adiflor et à mentionner très clairement sa contribution dans le projet (citation du nom d’Adiflor lors de remise officielle, affichage « Etablissement ayant reçu des ouvrages offerts par Adiflor » à apposer à l’entrée de l’établissement…).
|
