Handicap et vie à l’étranger : un nouveau regard

Originaire du Pays basque, d’Itxassou précisément, Geneviève Machicote a étudié à l’École des Arts et Industries graphiques Estienne à Paris. À la fin de ses études, elle se marie et c’est ensemble qu’ils décident de partir travailler en Pologne. Geneviève travaillait dans la presse, en particulier dans le lancement de magazines. Ensuite, ce fut le retour au Pays basque mais en famille, avec leurs deux enfants. Au bout de quelques années et avec désormais quatre enfants, ils repartent à l’étranger, en Belgique où Geneviève reprend des études en comptabilité et fiscalité, le tout complété par un master en sciences politiques. Elle fonde son entreprise d’accompagnement des sociétés. Curieuse de tout, Geneviève s’intéresse particulièrement à l’approche belge pour s’ouvrir sur les personnes en situation de handicap. L’aventure va commencer. Elle nous en parle.

Geneviève Machicote, entourée des étudiantes éducatrices et de l’éducatrice expérimentée devant le centre La Clairière, à Bruxelles.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, que vous ont apporté ces expatriations ?

Geneviève Machicote : Une grande ouverture d’esprit sur d’autres manières de penser, de vivre et de voir le monde.

C’est-à-dire ?

J’ai pu découvrir en Belgique une approche pour être plus à l’écoute des personnes en situation de handicap et trouver des chemins pour les comprendre. Cela me touche profondément de voir ces familles qui recherchent la meilleure solution pour leur enfant. En particulier la méthode Sesame qui permet aux enfants, aux jeunes et aux adultes non-verbaux de communiquer tout en cherchant à développer le langage parlé ainsi que la manière dont la méthode « TEACH » est adaptée pour l’apprentissage d’une activité en groupe.

Pourquoi amener ce savoir-faire développé en Belgique au Pays basque ?

Pour enrichir le savoir-faire français, en cherchant à ouvrir une école et un centre pour les enfants et adultes autistes au Pays basque.

C’est en préparant mon mémoire que j’ai eu l’opportunité de rencontrer des mères d’enfants autistes au Pays basque. Ayant eu l’occasion de visiter une école spécialisée en Belgique, j’ai pu expliquer aux mamans les outils mis en œuvre à Bruxelles.
L’enthousiasme était au rendez-vous et nous avons décidé au sein de l’association Un Nouveau Regard de mener le projet d’ouverture d’une école spécialisée en France ainsi qu’une structure pour adultes à retard modéré à sévère.

En quoi consistait votre projet ?

Nous avons présenté un projet global à l’Agence régional de santé avec le soutien de très nombreuses familles, en recherche de solutions, parents d’enfants et d’adultes en situation de handicap.

Nous avions prévu des activités de maraîchage, de vente de produits et d’accompagnement vers davantage d’inclusion avec des partenariats des entreprises.

Que s’est-il passé ?

L’Agence régionale de Santé nous a expliqué que notre projet, d’école spécialisée, n’était pas assez inclusif car l’école devait être intégrée au sein d’une école ordinaire.

L’attente était très forte du côté des parents. C’est pour cela que nous avons cherché à comprendre ce qu’y était attendu pour l’inclusivité.

La France est signataire de la convention de l’ONU sur les personnes handicapées. Cette convention promeut la personne en situation de handicap au sein de la société. Nous partageons entièrement cette vision humaniste au sein de l’association.

Comment avez-vous réagi face à cette nouvelle ?

Avec notre association, des étudiantes éducatrices à Bruxelles, en Belgique dans le centre La Clairière ainsi qu’une éducatrice spécialisée expérimentée de notre association sont parties en stage.

Par ailleurs, l’Agence régionale de santé avait évoqué la politique inclusive du Canada. Pendant la pandémie, nous avons eu l’opportunité d’échanger en visioconférence avec l’école A Pas de Géant à Montréal, au Québec.

Cette école qui accueille des enfants en situation de handicap sévère à modéré, nous a expliqué toute la politique inclusive du Canada. Les enfants sont scolarisés au sein des écoles ordinaires avec un accompagnement paramédical et un échange entre l’équipe et l’enseignant. Cela permet de trouver des solutions au plus près des besoins de l’enfant ou du jeune.

Néanmoins, certains enfants, certains jeunes ne trouvent pas leur place dans ces écoles inclusives en raison de difficultés particulières. Ils sont donc accompagnés au sein de l’école spécialisée A Pas de Géant.

Cette rencontre avec l’école canadienne a-t-elle fait évoluer votre projet ?

Oui, tout d’abord, nous avons développé un partenariat avec l’association AFG Autisme qui gère plus de 70 dispositifs et établissements services en France.

Nous portons prioritairement le projet d’ouvrir un hébergement pour adultes autistes avec des activités de maraîchage et de partenariat en entreprises comme nous l’avions prévu au départ. Nous souhaitons développer tout l’aspect formation professionnelle pour le personnel paramédical et les éducateurs afin de transmettre le savoir-faire belge et le combiner au savoir-faire français.

 

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Geneviève Machicote est présidente en Belgique de l’association Un nouveau regard et de la représentation UFE Belgique.

Pour en savoir plus sur la méthode Sésame pour aider les enfants, jeunes, adultes non-verbaux ou peu verbaux à mieux communiquer c’est ICI

Informations sur l’école A Pas de Géant à Montréal, au Québec ICI

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