
Dans le cadre des Assises de la Protection Sociale des Français de l’étranger, une table ronde s’est tenue le 13 juin pour évoquer l’avenir de la Caisse des Français de l’Étranger. Y participaient notamment des représentants de l’administration consulaire, de la Caisse des Français de l’Etranger, des parlementaires, des élus de l’AFE, la vice-présidente de l’ADFE et le président UFE monde. Retour sur quelques points abordés lors de cette table ronde que vous pourrez écouter ou réécouter en replay.
L’évolution du profil des adhérents de la CFE
Les plus de 60 ans représentent aujourd’hui 19% des adhérents contre 13% en 2010 : un chiffre qui manifeste clairement le vieillissement des adhérents de la CFE. Sur la pyramide des âges, on note également un rétrécissement de la population des 30 à 60 ans, lié à la politique des grandes entreprises qui aujourd’hui expatrient moins et recrutent davantage des personnes en contrat de droit local. Pour preuve : les assurés, via une entreprise, représentent aujourd’hui 27,5% des usagers contre 62% en 2013. Une tendance qui s’était dessinée avant le covid et qui montre que les modes d’expatriation ont changé. La CFE a désormais dans son portefeuille 72% de contrats individuels dont les titulaires sont : des personnes qui partent à l’étranger en dehors de toute structure, et des personnes qui y sont installées depuis très longtemps et qui parfois n’ont jamais vécu en France.
L’équilibre de la CFE menacé
Compte tenu du bouleversement de la pyramide des âges mais aussi de l’inflation des frais de santé et du recours croissant aux soins, l’équilibre de la CFE est fragilisé. Il a été rappelé que la CFE, à l’image de la sécurité sociale dont elle a statutairement le code, accepte toute personne sans questionnaire de santé et sans distinction d’âge. Et qu’elle permet, avec sa catégorie aidée de proposer aujourd’hui aux plus démunis une protection sociale sans condition.
Les cotisations des adhérents volontaires représentent l’essentiel des recettes de la CFE, la contribution de l’État à la CFE ne concernant que la catégorie aidée et dans une faible mesure. Aujourd’hui, s’agissant des contrats individuels maladie, les cotisations ne couvrent pas les prestations qui sont versées aux usagers. Pour cette raison, la CFE augmente régulièrement les cotisations sans parvenir à réduire son déficit. Même si par ailleurs ses frais de fonctionnement sont maîtrisés, et dans la moyenne du marché selon l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales).
Quel scénario pour pérenniser la CFE ?
Tous les acteurs autour de la table s’accordent à dire qu’il faut pérenniser la CFE, caisse privée, unique au monde, qui assure une mission de service public indispensable à la vie des Français de l’étranger et protégeant les plus précaires.
Mais son modèle, à bout de souffle, doit être revu. C’est l’objet de l’audit demandé par notre ministre de tutelle et mené conjointement par l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et par l’IGF (Inspection générale des finances). Leur rapport devrait sortir dans les jours qui viennent.
Les administrateurs de la CFE, comme les parlementaires et les associations aimeraient voir l’Etat subventionner la Caisse dont les coûts ne peuvent pas être supportés par les seuls adhérents. A noter la proposition de loi déposée par Éléonore Caroit et Karin Ben Cheïkh qui proposent d’affecter une fraction de la CSG à la CFE. « Une forme de redistribution et de justice sociale, dit Éléonore Caroit, puisque les Français de l’étranger hors Europe contribuent à la CSG. »
ET vous, que pensez-vous de la CFE ? Votre avis compte ! Pour participer aux Assises, c’est ici.
La position de l’UFE portée par notre président Alain-Pierre Mignon
“Nous tenons tout d’abord à saluer cette initiative des Assises qui doit permettre de trouver une solution. Merci Monsieur le Ministre !
La CFE doit impérativement rester un organisme de Sécurité sociale de droit privé, chargé d’une mission de service public. Elle doit continuer à être rattachée aux ministères en charge de la Sécurité sociale et du Budget. C’est une garantie de stabilité, de légitimité et de cohérence avec le modèle social français.
Toute évolution qui remettrait en question cette tutelle nuirait à la confiance des Français établis hors de France.
Nous sommes conscients de la chance que nous avons d’avoir ;
- un organisme qui accepte d’assurer tous les Français et leurs familles sans barrière d’âge, sans questionnaire médical, sans exclusions (guerres, pandémies…). Bon nombre de nos compatriotes dépendent de la Caisse pour accéder à une assurance santé, donc accéder aux soins.
- et une catégorie aidée qui permet, aux moins fortunés, d’être couverts à un niveau de cotisation bien inférieur au coût d’une assurance santé de qualité.
La Caisse des Français de l’Étranger remplit une mission essentielle de service public en garantissant une couverture santé aux Français établis hors de France, sans bénéficier de compensation financière pour cette responsabilité. Dans un contexte de forte inflation médicale, ce déséquilibre fragilise son modèle économique et met en péril la solidarité à l’égard des plus précaires.
Savez-vous qu’il existe encore des Françaises et des Français qui meurent parce qu’ils n’ont pas d’assurance ? Savez-vous que l’UFE ainsi que l’ADFE, chaque année, doivent intervenir, payer des frais hospitaliers, régler des primes d’assurances ou dans les cas extrêmes financer des crémations pour que l’on ne jette pas une ou un de nos compatriotes dans une fausse commune.
Qui d’autre que la CFE devrait avoir les moyens de tendre la main à ces compatriotes ? Qui d’autre que la CFE devrait avoir un budget exceptionnel pour ces cas exceptionnels ?
Nous souhaitons donc une CFE plus solidaire, plus réactive, compétitive en termes de prix, dotée d’un outil informatique performant pour que les remboursements ne dépassent jamais 5 jours, que les inscriptions puissent être traitées de la même manière, ainsi que les réponses aux divers courriers. Nous souhaitons une meilleure relation CFE client, plus courtoise, plus affective. Nous souhaitons une CFE agile, près du terrain qui puisse apporter à notre communauté une réponse claire, équitable et adaptée.
Ce positionnement est d’autant plus crucial à l’heure où de nombreux compatriotes, fragilisés par des contextes locaux instables, ont besoin d’une protection sociale fiable et accessible.
Derrière tout cela, n’oublions jamais que le personnel de la CFE essaie de faire le maximum pour nous apporter un meilleur service. Pour avoir été président de la Caisse, je peux vous dire que le système de rémunération du personnel n’est pas à la hauteur des ambitions que l’on peut avoir pour la CFE.
Mais tout cela devrait pouvoir être amélioré après ces Assises ! “
- 20 June 2025