Au moment où les Français se rendent de plus en plus nombreux à l’étranger, où leurs communautés se multiplient et se diversifient, l’éducation de leurs enfants et le maintien d’un lien avec la culture et la langue françaises revêtent une importance primordiale.
La participation directe des familles aux frais de scolarité des écoles françaises, qui était de 40% il y a 25 ans, se monte désormais à 62% du total. Cette proportion est appelée à augmenter encore sensiblement en raison de la diminution du budget des bourses aux élèves et des aides aux établissements.
Le nombre de ceux qui ne bénéficient d’aucune bourse ni d’aucune autre aide va également augmenter, puisque le réseau des établissements ne se développe pas au rythme des communautés françaises à l’étranger. La proportion d’enfants français qui ne sont pas scolarisés dans un établissement français dépasse actuellement les deux tiers. Elle va continuer à progresser.
Dans le même temps, l’Etat a décidé de supprimer la prise en charge des frais de scolarité des élèves du niveau lycée, et par conséquent d’abandonner l’objectif de gratuité de l’enseignement pour les Français à l’étranger.
L’attribution plus généreuse de bourses scolaires était supposée compenser les conséquences de la suppression de cette prise en charge des frais de scolarité. C’est malheureusement une illusion puisque seulement 5% des familles qui bénéficiaient de la prise en charge ont bénéficié d’une bourse.
Ces évolutions sont graves pour les familles françaises à l’étranger. Elles mettent en péril la situation financière de certains établissements d’enseignement qui manqueront des ressources correspondantes. Elles risquent enfin d’exclure la nouvelle génération d’expatriés de l’enseignement qui est à la source de notre langue, de notre culture et de notre citoyenneté.
L’Union des Français de l’Etranger qui n’est, de par ses statuts, affiliée à aucun mouvement politique ni aucune confession religieuse, est à l’origine de tous les droits accordés aux Français de l’Etranger. Sans méconnaitre les efforts incomparables de l’Etat pour ses ressortissants à l’étranger, elle constate les limites et les reculs récents de l’engagement de l’Etat en faveur de l’enseignement français à l’étranger. Pour l’UFE, l’existence d’un réseau d’enseignement français à l’étranger est une grande chance pour la France et les Français de l’étranger, au moment où leurs communautés se multiplient, se diversifient, et où le maintien d’un lien avec la culture, l’éducation et la langue françaises sont d’une importance cruciale. Elle luttera sans relâche et avec détermination, comme elle l’a fait pour les droits politiques et sociaux des Français de l’Etranger, pour qu’aucun enfant français à l’étranger ne se voie exclu de l’enseignement français pour des raisons qui tiennent à la situation financière de ses parents.
Jusqu’à ce jour, la politique des bourses s’efforçait d’aider les enfants issus de familles à faibles revenus à accéder aux écoles françaises à l’étranger, tout en abandonnant à leur sort les familles à revenus intermédiaires. Les choix de l’Etat aboutissent aujourd’hui à la nécessaire remise en cause de ce qui n’était plus ni juste ni efficace.
Les solutions ne consisteront évidemment pas à pratiquer des tours de passe-passe entre les budgets des établissements plus ou moins bien dotés, ni à prétendre que les familles ne seront pas mises à contribution, et que les frais de scolarité n’augmenteront plus. Naturellement ces mesures sont déjà mises en avant par les partisans de l’immobilisme. Elle ne trompent personne, pas même leurs auteurs.
La crise actuelle montre en effet les limites du système mis en place dans le cadre de l’AEFE en 1990. L’UFE l’avait analysé sévèrement dès l’origine et en avait annoncé les conséquences pour les familles, telles qu’elles se réalisent aujourd’hui. Le moment est venu d’en tirer les conséquences et d’élaborer un projet global autour des besoins des communautés françaises et des intérêts de notre pays. L’UFE appelle tous les Français de l’étranger à y contribuer avec elle, en commençant par le commencement, c’est-à-dire une réflexion sans tabous et sans a priori idéologiques, avec comme seule préoccupation l’avenir de leurs enfants. Les principaux éléments de cette refondation devraient porter sur :
– le modèle d’organisation et d’enseignement, qui doit répondre aux besoins des communautés françaises et assurer à chaque établissement, autour de sa direction, une autonomie et une responsabilité réelles.
– la clarté des comptes et des financements, publics et privés, au niveau de chaque établissement ;
– les responsabilités des parties prenantes, à commencer par les parents, qui sont actuellement quasiment absents des organes de décision de l’AEFE ;
– les principes d’équité, de non-discrimination, d’entraide, et de représentation ;
– les choix politiques et budgétaires qui ont des conséquences sur la contribution de l’Etat à l’enseignement français à l’étranger et la place des Français de l’étranger dans la communauté nationale.
Ces questions feront prochainement l’objet de développements plus nourris. Vos contributions sont les bienvenues.
François Barry Delongchamps
Président délégué de l’UFE