Expatriation en Chine

Article tiré de l’Expansion.com

« Une expatriation en Chine n’est jamais neutre »

Propos recueillis par Guillaume Evin –  25/06/2008 10:20  – L’Expansion.com

 

Que faut-il savoir avant éventuellement de partir travailler en Chine ?

Cinq questions à Emmanuel Meril, avocat associé chez CMS Bureau Francis Lefebvre

Les BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine) font figure d’eldorado pour les expatriés. La Chine est-elle vraiment une terre d’opportunités pour les cadres français ?

On ne peut pas tout à fait comparer la Chine aux autres BRIC car elle recèle un potentiel de développement économique sans égal. C’est en soi un monde à part. Au regard de son statut et de sa puissance économique, la France serait plutôt en retard en Chine en termes d’investissements par rapport à ses voisins européens. Or, au rythme où s’établit la concurrence, le retard accumulé ne se rattrape guère. S’implanter là-bas en 2008 n’a plus le même coût qu’il y a dix ans.

Quelle explication donner à ce léger retard français ?

La dimension universaliste à la française s’accommode mal du pragmatisme à la chinoise. Contrairement aux Français, les Allemands ou les Italiens se montrent beaucoup plus commerciaux dans l’âme. Les Français véhiculent peut-être toujours une espèce de condescendance économique.

Quelles sont éventuellement les niches porteuses pour les Français ?

En fait, c’est moins une affaire de secteurs d’activité que de stratégie, de savoir faire. Investir en Chine, vouloir y faire prospérer un business, c’est allouer du temps et des moyens. Sans doute plus qu’ailleurs, il faut se documenter, faire des études de marché et s’imprégner de la mentalité locale. En somme, ce n’est pas un territoire que l’on aborde à la légère.

Quel profil et quel statut pour travailler là-bas ?

Sur le plan fiscal, l’expatriation chinoise est loin d’être avantageuse pour tout le monde. Je pense notamment au quadra marié avec des enfants. En Chine, il n’y a pas de quotient familial. Si bien qu’avec des revenus d’expatriés, on arrive assez vite à la tranche maximale d’imposition de 45%. De sorte qu’au final, ce cadre paiera davantage d’impôt sur le revenu qu’en France. Voilà pourquoi certaines firmes françaises compensent la différence d’impôts.

Quel conseil donner à ceux qui songeraient à tenter l’aventure ?

Par expérience, on peut dire qu’une expatriation (ou un détachement de 3 ans, renouvelable une fois) en Chine n’est jamais neutre : on tombe sous le charme du pays et de sa culture ou bien, on y est structurellement allergique. C’est du tout ou rien. Je connais du reste de plus en plus de cadres français qui préfèrent au bout du compte quitter leur entreprise plutôt que de quitter le pays.

 

 

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